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RDC/SMIG 2025 : Une augmentation illusoire ou une simple actualisation du taux de change ?

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Photo d'illustration.

Dans un contexte de lutte pour des conditions de vie dignes, le gouvernement congolais a récemment annoncé une révision du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), le fixant à 14.500 CDF en 2025, soit environ 4,89 USD. Bien que cette annonce soit présentée comme une avancée, elle suscite des questionnements concernant son impact réel sur le pouvoir d'achat des travailleurs.

En 2017, le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti en République Démocratique du Congo était fixé à 7.075 CDF, soit environ 4,32 USD. Huit ans plus tard, en 2025, le gouvernement a annoncé une révision de ce montant à 14.500 CDF, ce qui équivaut à 4,89 USD. Une évolution en apparence significative, mais qui, à y regarder de plus près, soulève des interrogations quant à sa véritable portée économique. Tenant compte des taux de change et de l'inflation, il apparaît que cette réévaluation n'est qu'une simple actualisation sans réelle amélioration du niveau de vie des travailleurs.

Un doublement apparent, mais pas réel

L’annonce pourrait donner l’impression que le SMIG a doublé en termes nominaux. Cependant, cette augmentation n’est en réalité qu’un ajustement reflétant la dépréciation de la monnaie nationale face au dollar américain. En 2017, 7.075 CDF représentaient 5 USD, et en 2025, 14.500 CDF équivalent à peine 5 USD selon le taux actuel. Cette "augmentation" n’améliore donc en rien le pouvoir d’achat des travailleurs, qui reste miné par l’inflation et la faiblesse du franc congolais.

Depuis 2014, des organisations comme Transparence et Justice Sociale (T.J.S) réclament une revalorisation du SMIG à un niveau plus équitable, soit 10 USD par jour. Cette demande, qui équivaudrait aujourd’hui à 28.600 CDF par jour ou 300 USD par mois, s’appuie sur la volonté affichée par le Chef de l'État de promouvoir une politique salariale juste et équitable, conformément à l'article 36 de la Constitution.

La faiblesse persistante du SMIG expose les travailleurs congolais à une exploitation accrue par des employeurs peu enclins à redistribuer équitablement les fruits de leur travail. Dans un contexte où le coût de la vie augmente constamment, cette situation accentue la misère des masses laborieuses.

Repenser la politique salariale

Pour répondre aux aspirations des travailleurs et honorer les engagements constitutionnels, le gouvernement devra revoir sa copie. Fixer le SMIG à un niveau correspondant à la réalité économique et sociale, soit au moins 300 USD par mois, serait un premier pas vers une politique salariale plus juste et en phase avec les promesses présidentielles.

L’ajustement du SMIG en 2025, bien que présenté comme une avancée, semble davantage une mesure cosmétique qu’un véritable progrès social. Pour éviter que cette initiative ne soit perçue comme une supercherie, il est impératif que les autorités congolaises revoient leur approche et placent réellement les intérêts des travailleurs au cœur de leur politique économique.

Ainsi, la question demeure : le SMIG 2025 est-il une réelle amélioration ou simplement une autre illusion ?

Lovic-Benjamin Nsapu