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Dialogue entre Kinshasa et le M23 : "la participation du président Tshisekedi à ces discussions pourrait être perçue comme un signe de faiblesse", alerte l'ODEP

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Photo d'illustration.

L'Observatoire de la Dépense Publique (ODEP), dirigé par le professeur Florimond Muteba, s'oppose fermement à l'idée d’un dialogue entre le gouvernement congolais et le M23. Cette plateforme de la société civile congolaise exprime une forte désapprobation face à l'initiative de Luanda qui envisage des négociations entre le gouvernement congolais et les membres du M23, qualifiés de terroristes, et soutenus par l’armée rwandaise. C’est ce que révèle un communiqué de l’ODEP, publié le 13 mars 2025, dont une copie nous est parvenue.

L’ODEP dénonce cette initiative, la qualifiant de capitulation et de trahison, et insiste sur le fait que le gouvernement congolais doit respecter une ligne rouge qu'il ne doit pas franchir.

Selon Florimond Muteba, "la participation du président Tshisekedi à ces discussions pourrait être perçue comme un signe de faiblesse, ce qui affaiblirait la position diplomatique de la RDC".

Le communiqué précise également que "tout dialogue doit être mené dans un cadre qui préserve les intérêts fondamentaux du pays et garantit sa souveraineté".

Florimond Muteba renforce cette position en citant Otto Von Bismarck, qui comparait la diplomatie à une musique sans instruments. Il souligne qu’il est crucial d’accompagner toute démarche diplomatique d'une stratégie de défense robuste pour éviter toute concession inacceptable.

Appel à une riposte nationale pour protéger la souveraineté du pays

L’ODEP appelle à une réponse nationale coordonnée pour contrer l'avancée des forces hostiles à l’est de la RDC. Le professeur Muteba souligne l’urgence d’adopter des mesures stratégiques pour préserver l’intégrité territoriale et garantir une gouvernance responsable et transparente. 

Selon lui, la progression des forces ennemies constitue une menace existentielle pour l’unité nationale, et une réponse coordonnée depuis Kinshasa est indispensable pour maintenir le contrôle légitime de l’État sur l’ensemble du territoire congolais.

Les propos de Winston Churchill, qui affirmait que « celui qui se bat peut perdre, mais celui qui ne se bat pas a déjà perdu », résonnent fortement dans ce contexte. L’ODEP considère que la RDC ne peut plus se permettre l’inaction face à l’agression dont elle est victime. Un sursaut patriotique est désormais nécessaire, basé sur la cohésion nationale et la défense des principes de souveraineté et de bonne gouvernance.

Contexte de la position de l’ODEP face à l’Angola et aux pourparlers à venir

L’Angola, en tant que médiateur dans cette crise, a annoncé son intention d’initier des pourparlers entre Kinshasa et le groupe armé AFC-M23. La présidence angolaise a indiqué que des contacts seront établis pour organiser des négociations directes dans les jours à venir. Cette annonce a suscité des réactions partagées en RDC, où des interrogations existent sur la pertinence de dialoguer avec des groupes armés.

Il est important de souligner qu'après l'annonce de Luanda, le gouvernement congolais a exprimé son intention de "prendre acte" des développements et d'attendre des précisions sur les modalités de ces négociations.

"Dialogue avec le M23 : Nous prenons acte et attendons de voir la mise en œuvre de cette démarche de médiation angolaise. Nous rappelons par ailleurs qu’il existe un cadre préétabli, celui du processus de Nairobi, et nous réaffirmons notre attachement à la Résolution 2773", a écrit Tina Salama, porte-parole du président Tshisekedi, sur son compte.

Rappelons qu’un communiqué de presse de l'Angola publié le 12 mars 2025 a révélé que les délégations de la RDC et du M23 doivent entamer des discussions directes le 18 mars à Luanda, la capitale angolaise. Cependant, plusieurs zones d’ombre demeurent quant à l’issue de ces pourparlers et à leur impact sur la stabilité régionale.

Céleste Z.