La Générale des Carrières et des Mines (Gécamines) soumet une offre de rachat pour Chemaf Resources, évaluée à près d’un million de dollars. Ce projet inclut la mise en œuvre d’un audit approfondi de la compagnie avant d’élaborer un plan de paiement destiné à couvrir ses dettes accumulées, selon des informations rapportées par Reuters. Cette initiative marque une étape clé dans la stratégie de la Gécamines pour renforcer son contrôle sur des ressources minières stratégiques en République Démocratique du Congo.
Chemaf, acteur minier majeur en RDC, exploite un projet d’envergure capable de produire annuellement 75 000 tonnes de cuivre et 25 000 tonnes de cobalt. Cependant, des problèmes de financement ont ralenti l’expansion de ses opérations. Actuellement, son complexe atteint une capacité annuelle de 16 000 tonnes de cobalt et 50 000 tonnes de cuivre, bien en deçà de son potentiel maximal.
En 2022, Chemaf a bénéficié d’un prêt de 600 millions de dollars de la part de Trafigura, mais des investissements supplémentaires estimés entre 250 et 300 millions de dollars sont nécessaires pour compléter ses projets d’expansion. Face à ces défis financiers, l’entreprise a annoncé en juin 2024 un accord de rachat par la société chinoise Norinco, une transaction évaluée entre 900 millions et 1 milliard de dollars. Cette offre incluait la reprise des dettes et impôts impayés.
Une riposte de la Gécamines
La Gécamines, propriétaire du permis minier sous-jacent au projet de Chemaf, s’oppose fermement à l’acquisition par Norinco et aspire à reprendre le contrôle direct de ces actifs stratégiques. « Nous avons fait une meilleure offre que Norinco, à condition de procéder à une vérification préalable de la dette […] Nous ne laisserons à personne d'autre l'opportunité de s’approprier ces actifs », a affirmé Robert Lukama, président de la Gécamines, cité par Reuters.
L’audit envisagé par la Gécamines devrait évaluer l’ampleur des dettes et fixer un cadre financier pour redresser les opérations de Chemaf. Cette démarche illustre une volonté de repositionner la Gécamines comme un acteur clé de l’industrie minière congolaise, tout en maximisant les retombées économiques pour le pays.
Le rachat de Chemaf représente une opportunité majeure pour la Gécamines de renforcer sa position sur le marché du cobalt et du cuivre, deux ressources vitales pour la transition énergétique mondiale. Alors que la RDC joue un rôle central dans l’approvisionnement mondial en minerais stratégiques, cette opération pourrait avoir des répercussions significatives sur la compétitivité et la souveraineté économique du pays.
Reste à voir si la proposition de la Gécamines l’emportera sur l’offre concurrente de Norinco et comment elle sera perçue par les autres parties prenantes impliquées dans ce dossier complexe.
Lovic-Benjamin Nsapu