Le projet stratégique du port en eau profonde de Banana, en République démocratique du Congo, connaît une avancée majeure avec la signature d’un contrat entre DP World et l’entreprise portugaise Mota-Engil. Annoncé le 20 mars 2025, cet accord de 250 millions de dollars marque une relance officielle des travaux après une interruption en 2024.
Mota-Engil Africa, filiale du groupe portugais Mota-Engil, a décroché ce contrat pour la première phase de développement du port. Celle-ci comprend la construction d’un quai de 600 mètres avec un tirant d’eau de 18 mètres, capable d’accueillir les plus grands navires du monde. Une zone de stockage de 30 hectares et une capacité annuelle de 450 000 EVP (équivalent vingt pieds) sont également prévues.
Ce projet s’inscrit dans le cadre d’un partenariat public-privé entre DP World et le gouvernement congolais. L’accord initial, signé en mars 2018 et révisé en décembre 2021, prévoit que DP World finance et supervise les travaux, tandis que la RDC met à disposition le terrain, les infrastructures d’appui et des exonérations fiscales. Le coût total du port est estimé à 1,3 milliard de dollars. La coentreprise créée pour le projet est détenue à 70 % par DP World et à 30 % par l’État congolais.
Un projet relancé après des retards
Lancé en 2022, le chantier du port a été marqué par des retards importants, jusqu'à une interruption en 2024 en raison de différends techniques et financiers. Une avancée décisive a été obtenue en septembre 2024 lorsque le Vice-Premier Ministre Jean-Pierre Bemba a présidé une réunion permettant de débloquer la situation. Les travaux ont repris en octobre de la même année, bien que l’échéance initiale de 2025 pour la fin de la première phase reste incertaine.
DP World et Mota-Engil affichent leur ambition de livrer une infrastructure de classe mondiale. « En nous associant à Mota-Engil, nous garantissons que ces infrastructures seront construites selon les normes les plus strictes, favorisant ainsi la croissance économique et créant de nouvelles opportunités pour la population congolaise », a déclaré Sultan Ahmed bin Sulayem, PDG de DP World. De son côté, Carlos Mota Santos, président de Mota-Engil, a souligné que cet accord témoigne de la confiance d’un des plus grands opérateurs portuaires mondiaux envers son entreprise.
Un port d'importance stratégique pour la RDC
Le port en eau profonde de Banana représente un atout majeur pour la souveraineté commerciale de la RDC. Actuellement dépendant des ports voisins comme Pointe-Noire (République du Congo) et Matadi, le pays disposera enfin d’un accès direct à l’océan Atlantique. Cette infrastructure intégrera la RDC aux principales routes maritimes mondiales et renforcera sa compétitivité sur la scène internationale.
Toutefois, des défis subsistent. Certains observateurs soulignent que le corridor ferroviaire de Lobito en Angola, qui facilite l’exportation des ressources congolaises, pourrait constituer un concurrent pour le port de Banana. Malgré cela, le projet reste un levier clé pour le développement économique et logistique du pays.
Avec ce nouvel élan, DP World et ses partenaires entendent faire du port de Banana un hub maritime incontournable en Afrique centrale.
Lovic-Benjamin Nsapu