Les exportations des pays d'Afrique subsaharienne vers les États-Unis sous le régime de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) ont connu un recul significatif en 2024. Alors que le programme fait face à des incertitudes croissantes quant à son avenir, la République Démocratique du Congo (RDC) se distingue parmi les cinq principaux bénéficiaires du dispositif, aux côtés de l’Afrique du Sud, du Kenya, de Madagascar et de la Côte d’Ivoire.
Un ralentissement marqué des exportations africaines
D'après un rapport publié le 28 février par le Congressional Research Service (CRS), les exportations des pays africains sous l'AGOA ont chuté de 13 % en 2024, atteignant 8 milliards de dollars contre 9,2 milliards l'année précédente. Cette baisse met en lumière la dépendance du programme à un nombre limité de secteurs et de pays.
La RDC figure parmi les principaux exportateurs africains vers les États-Unis sous l'AGOA, avec 287 millions de dollars d’exportations en 2024. Les autres bénéficiaires majeurs du programme sont :
✓ Afrique du Sud : 3,76 milliards de dollars
✓ Kenya : 567 millions de dollars
✓ Madagascar : 345 millions de dollars
✓ Côte d’Ivoire : 178 millions de dollars
Les exportations de pétrole brut, qui représentent un quart du total des exportations sous l’AGOA (2 milliards de dollars), restent dominées par le Nigeria (1,6 milliard de dollars). Les autres principaux produits exportés sont les véhicules et composants automobiles (2,4 milliards de dollars), le textile-habillement (1,2 milliard de dollars), les produits agricoles et alimentaires (949 millions de dollars), les métaux de base (711 millions de dollars) et les produits chimiques (251 millions de dollars).
L'AGOA face aux incertitudes
Mis en place en 2000, l'AGOA permet aux pays d'Afrique subsaharienne d'exporter près de 1 800 produits vers les États-Unis sans droits de douane, en plus de 5 000 autres bénéficiant du Système des préférences généralisées (SPG). Cependant, chaque année, Washington évalue l’éligibilité des pays en fonction de critères liés à la gouvernance, à l’économie de marché et au respect des droits fondamentaux.
Sous l’administration Biden, un projet de loi bipartisan visait à prolonger l’AGOA jusqu’en 2041. Toutefois, avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son approche protectionniste du commerce, l'avenir du programme reste incertain.
Selon Richard Morrow, analyste à la Brenthurst Foundation, le programme bénéficie cependant d’un fort soutien bipartisan au Congrès, en raison de son impact économique sur l’Afrique et de son rôle stratégique pour contrer l’influence de la Chine sur le continent.
Opportunités et défis pour la RDC et l’Afrique
L'AGOA a permis à plusieurs pays africains, dont la RDC, de diversifier leurs exportations et d'accéder au marché américain dans des conditions préférentielles. Ses défenseurs estiment qu’il encourage la croissance économique et renforce les liens commerciaux entre l’Afrique et les États-Unis.
Cependant, ses détracteurs soulignent un manque de réciprocité, exposant les entreprises américaines à une concurrence accrue sans véritable ouverture des marchés africains.
Dans ce contexte incertain, la RDC et les autres bénéficiaires devront anticiper les évolutions du programme et explorer d’autres stratégies pour sécuriser leurs relations commerciales avec les États-Unis.
Lovic-Benjamin Nsapu