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La RDC parmi les 20 pays les plus corrompus au monde, selon Transparency International

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Photo d'illustration.

Le rapport annuel de Transparency International sur l’Indice de perception de la corruption (IPC), publié mardi 11 février 2025, place la République Démocratique du Congo (RDC) parmi les 20 nations les plus corrompues du monde, avec un score alarmant de seulement 20 %. 

Ce classement reflète la persistance d’une corruption omniprésente qui touche tous les secteurs de la vie publique et qui continue d’entraver le développement du pays.

Des efforts insuffisants face à la corruption

Malgré les engagements répétés du président Félix Tshisekedi et la mise en place de plusieurs structures censées lutter contre la corruption, le rapport souligne que les résultats restent décevants. Depuis l’instauration de la Coordination pour le Changement de Mentalité (CCM), l’Agence de Prévention et de Lutte Contre la Corruption (APLC), et le renforcement de l’Inspection Générale des Finances (IGF), la RDC peine toujours à traduire ces initiatives en actions concrètes. En particulier, la Cour des Comptes, bien que réhabilitée, semble incapable d’assainir les finances publiques. Le rapport pointe notamment la guerre en cours dans l’Est du pays comme un exemple frappant où la gouvernance fragile et la corruption alimentent la violence et la souffrance des populations locales.

Une corruption systémique et institutionnalisée

La Ligue Congolaise de Lutte Contre la Corruption (Licoco) réagit vivement à ce rapport en rappelant que la corruption en RDC est bien plus qu’un problème sporadique. Elle est devenue une véritable institution, ancrée dans les pratiques quotidiennes des citoyens et des fonctionnaires. Le phénomène a atteint un tel degré de normalisation qu’il constitue désormais une culture omniprésente dans la société congolaise. Selon la Licoco, cette situation met en péril non seulement la démocratie et l’État de droit, mais également la sécurité nationale, l’intégrité du territoire et le développement économique du pays. La corruption gangrène également le secteur de la santé, de l’éducation et des infrastructures, où les détournements de fonds nuisent gravement à la qualité des services publics.

Dans ce contexte, la Licoco lance un appel national pressant, incitant les autorités politiques, administratives et judiciaires à renforcer leur engagement pour la lutte contre la corruption, soulignant que l’avenir du pays en dépend. La corruption, en effet, empêche non seulement la mise en œuvre de réformes nécessaires, mais alimente aussi les inégalités sociales et la pauvreté.

La RDC : entre corruption, insécurité et changement climatique

Le rapport de Transparency International ne se limite pas à la question de la corruption, mais aborde également des problématiques urgentes telles que la sécurité et le changement climatique. La RDC est classée 163e parmi les 180 pays les moins pacifiques au monde, une position qui témoigne de l’ampleur des conflits internes et des tensions sociales, notamment dans l’est du pays, où des groupes armés locaux et étrangers intensifient leur présence.

Concernant le changement climatique, le rapport note que la RDC, malgré des engagements pris dès 2008 pour lutter contre ce phénomène mondial, peine à capitaliser sur ses investissements dans ce domaine. Les financements internationaux pour la lutte contre le changement climatique ont atteint plus de 700 millions USD, mais les effets de ces investissements sont quasiment inexistants pour la population. La majorité des Congolais, qui vivent dans des conditions de grande précarité, ne bénéficient pas des retombées de ces fonds. De plus, les inégalités sociales, combinées à la mauvaise gestion des ressources naturelles, exacerbent les conséquences du changement climatique sur les communautés les plus vulnérables.

Un avenir incertain face à la crise climatique et sécuritaire

Le rapport de Transparency International souligne également que le changement climatique aggrave de manière inquiétante l’insécurité dans la région. Des phénomènes comme les sécheresses, les inondations et l’érosion des sols touchent particulièrement les communautés rurales, menaçant la sécurité alimentaire et poussant des milliers de personnes à fuir leur domicile. Les conflits armés, souvent liés à des ressources naturelles convoitées, accentuent cette instabilité.

En outre, le manque de structures de gouvernance efficaces et la corruption dans les instances décisionnelles limitent gravement la capacité du gouvernement à fournir une aide publique appropriée et à protéger l’environnement. Ce cercle vicieux d’instabilité, de mal gouvernance et de dérèglement climatique freine tout espoir de développement durable pour la RDC.

Vers un renouveau ? Une lueur d’espoir ?

Alors que le pays fait face à ces défis multiples, l’espoir réside dans l’engagement de la société civile et des acteurs internationaux qui continuent de militer pour une réforme en profondeur. Mais il est impératif que les autorités congolaises montrent un véritable leadership politique en vue de rétablir la confiance des citoyens et des investisseurs étrangers.

En conclusion, bien que des efforts soient visibles, le chemin reste semé d’embûches. La RDC a encore beaucoup à faire pour rompre avec les pratiques corrompues et garantir un avenir meilleur pour sa population. La lutte contre la corruption et les crises environnementales et sécuritaires doit être une priorité absolue si le pays veut espérer un jour sortir de cette spirale de dégradation. 

Ecomine.cd