Le mardi 11 février 2025, le gouvernement congolais a décidé d’intensifier le conflit entre la République démocratique du Congo (RDC) et le Rwanda en interdisant à tout aéronef immatriculé au Rwanda ou enregistré ailleurs mais basé dans ce pays de survoler le territoire congolais. Cette mesure intervient dans un contexte de détérioration des relations diplomatiques et d’un conflit armé persistant entre les deux nations.
Selon une note interne des autorités aéronautiques congolaises, cette interdiction s’applique aussi bien aux avions civils qu’aux appareils d’État. Elle est justifiée par l’insécurité engendrée par les affrontements en cours.
Quelles sont les conséquences de cette restriction ?
Cette décision affecte-t-elle directement l’économie de la compagnie aérienne RwandAir, voire celle du Rwanda ? Est-il justifié de prendre une telle mesure, et à quel prix pour la RDC ?
Impact sur les vols de RwandAir
Prenons l’exemple du vol WB216 de RwandAir sur la ligne Kigali-Libreville. Selon les données de Flight Radar 24, la durée totale du vol a significativement augmenté après l’interdiction de survol de l’espace aérien congolais.
- Le 7 février 2025, avant l’interdiction, le vol Kigali-Libreville durait 3 heures et 25 minutes.
- Le 12 février 2025, après l’interdiction, la durée du même vol a augmenté d’une heure, passant à 4 heures et 25 minutes.
Conséquences économiques pour RwandAir
Auparavant, RwandAir utilisait le vaste espace aérien de la RDC pour relier ses destinations en Afrique de l’Ouest, telles que Libreville, Lagos ou Brazzaville. Désormais, la compagnie doit contourner cet espace, ce qui entraîne des coûts supplémentaires.
Examinons les aspects techniques :
- Le Boeing B737-800, principal appareil exploité par RwandAir, consomme environ 3 000 litres de carburant par heure.
- Le carburant utilisé pour les moteurs à réaction est le Jet A-1, dont le prix moyen est de 0,5 dollar par litre.
Calculons les coûts supplémentaires pour les vols vers l’Afrique de l’Ouest :
- Par vol : 1 500 dollars supplémentaires (soit 3 000 dollars pour un aller-retour).
- Avec près de 5 vols par semaine : 15 000 dollars supplémentaires.
- Par mois : 60 000 dollars supplémentaires.
- Par an : plus de 700 000 dollars pour la seule ligne Kigali-Libreville.
RwandAir dessert 8 destinations en Afrique de l’Ouest. Ainsi, cette restriction pourrait coûter à la compagnie près d’un demi-million de dollars par mois en carburant supplémentaire, soit environ 6 millions de dollars par an.
Une décision stratégique pour la RDC
Cette interdiction de survol est mutuelle et vise à faire payer au régime de Kigali le prix de la guerre imposée dans l’Est de la RDC. Cependant, il est important de noter que l’aviation, par nature apolitique, est rarement utilisée comme instrument de guerre. Lorsque cela se produit, cela reflète une dégradation extrême des relations diplomatiques.
En conclusion, la fermeture de l’espace aérien congolais aux avions de RwandAir représente un manque à gagner significatif pour la compagnie aérienne rwandaise, mais elle s’inscrit dans une stratégie plus large de pression diplomatique et économique de la RDC envers le Rwanda.
Tribune de SG.DELTA LIMA BRAVO, Analyste et Consultant aéronautique.