La République Démocratique du Congo, souvent surnommée « le géant aux pieds d'argile », est une terre de promesses inachevées. Des vastes projets d'infrastructure laissés en suspens aux réformes politiques non abouties, la RDC semble être piégée dans un cycle perpétuel d'inachèvement.
Les routes et les ponts, symboles de développement et de connexion, sont souvent laissés à l'abandon. Prenons l'exemple de l'autoroute Kinshasa-Matadi, dont la construction a été annoncée avec grand enthousiasme il y a plusieurs années. Aujourd'hui, seules des portions éparses existent, les autres parties étant envahies par la végétation, signe du temps et de l'oubli. L'échangeur de Limeté, symbole de Kinshasa, laissé à son triste sort depuis les années Mobutu, le stade des Martyrs, le pont maréchal de Matadi… autant d'exemples. Les raisons de ces arrêts brusques sont multiples : manque de financement, corruption endémique, instabilité politique, pour n'en nommer que quelques-unes.
Réformes politiques incomplètes
Les réformes politiques, cruciales pour la stabilité et le progrès de la nation, sont fréquemment lancées avec ferveur, mais rarement menées à terme. La décentralisation, par exemple, a été promulguée pour donner plus de pouvoir aux provinces et rapprocher le gouvernement des citoyens. Cependant, dans la pratique, les transferts de pouvoir et de ressources sont restés en grande partie théoriques. Les gouverneurs des provinces se retrouvent souvent impuissants, manquant des moyens nécessaires pour accomplir leurs missions.
Économie, éducation et santé : des secteurs en crise
Les secteurs de l'économie, de l'éducation et de la santé ne sont pas épargnés par cette tendance à l'inachèvement. L'économie congolaise souffre d'un manque de vitalité sans précédent. En effet, dépendant fortement du secteur minier, les promesses et les réformes envisagées quant à sa diversification peinent à se concrétiser, au grand malheur des plus de 100 millions de Congolais. De nombreuses écoles et hôpitaux sont construits, mais jamais équipés. Les enseignants et les médecins, souvent mal payés, abandonnent leurs postes, laissant des bâtiments vides et des services publics paralysés. Les élèves se retrouvent dans des classes sans livres ni matériels pédagogiques, tandis que les patients doivent parcourir de longues distances pour trouver des soins adéquats.
Une population résiliente mais désabusée
Malgré ces défis, la population congolaise fait preuve d'une résilience admirable. Les Congolais continuent à vivre, à rêver, et à espérer un meilleur avenir. Mais l'espoir s'amenuise avec chaque projet abandonné, chaque promesse non tenue. Les jeunes, en particulier, se sentent trahis par un système qui ne leur offre que peu de perspectives.
Perspectives
Pour sortir de ce cycle d'inachèvement, la RDC doit s'engager fermement dans la voie de la transparence et de la bonne gouvernance. Les dirigeants doivent rendre des comptes, et les ressources du pays doivent être utilisées de manière efficace et équitable. Les partenariats internationaux peuvent jouer un rôle clé en fournissant le financement et l'expertise nécessaires, mais cela doit se faire dans un cadre de respect mutuel et de responsabilité partagée.
La RDC, riche en ressources naturelles et humaines, a le potentiel de devenir une puissance régionale majeure. Mais pour cela, elle doit surmonter son penchant pour l'inachèvement et s'engager dans un développement durable et inclusif. Les promesses faites doivent être tenues et les projets lancés doivent être menés à terme. Ce n'est qu'ainsi que la République des « inachevés » pourra enfin se transformer en « République des réalisations ».
Lovic-Benjamin Nsapu